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Les couteaux

Qu'est-ce qu'un couteau corse ?...

A l'origine, c'était un outil... tranchant, bien loin de l'usage coupe fromage ou coupe ficelle auquel on le consacre aujourd'hui.

La forme de chaque lame s'adaptait à l'usage du travail auquel elle était destinée : plutôt longue et effilée pour saigner le gros gibier ou le bétail, ventrue pour faciliter le dépeçage, très courte et recourbée pour les travaux de vannerie, etc... N'oublions pas les armes qui servaient à vider une querelle dans le sang.

On peut penser que la forme de ces couteaux a été influencée par quelque chose de déjà vu : souvenir ramené de voyage par un marin,  un soldat ou un voyageur, outil d'un ouvrier italien de passage, arme saisie sur un ennemi défait...

Tant il a existé au cours des siècles des échanges avec les îles voisines et les pays du pourtour de la Méditerranée.

Si les forgerons des villages ont pu fabriquer certains de ces couteaux, tout un chacun pouvait obtenir l'objet "frustre" et bon marché qui lui servirait au quotidien, en utilisant un morceau de bois ou de corne et un bout de scie, de râpe ou une force à tondre cassée, patiemment aiguisée à la meule à eau.

Cette tendance à l'autosubsistance peut s'expliquer de plusieurs manières :  peu ou pas de fabricants, rareté des produits manufacturés et, par dessus tout, manque d'argent. Aujourd'hui, on parlerait de "faiblesse du pouvoir d'achat", mais il faut se le rappeler : nous nous situons avant  l'ère industrielle...

 

A partir du 19ème siècle, les produits manufacturés envahissent peu à peu les campagnes. Leur diffusion atteint les villages les plus reculés.

A cette époque (celle de mes grands parents), tout ce qui vient de la "Ville" est forcément "meilleur" : bassines en aluminium puis en plastique, tissus en nylons, vaisselles colorées... La concurrence fait disparaître les petits métiers  les uns après les autres, et tous les objets du passé finiront aux ordures, brûlés, cassés, tordus et rouillés... Les couteaux fabriqués en Corse n'échapperont à la règle. C'est pourquoi, il reste aujourd'hui si peu de ces modestes témoins de notre passé dans les musées (sauf dans quelques rares collections privées).

Les couteaux de tous les jours portent désormais des marques : Pradel, Sauvagnat ou Opinel...

Pour autant, la fabrication artisanale demeure une coutume vivace : il n'est pas rare, encore aujourd'hui, de rencontrer un Corse avec le couteau qu'il a  réalisé lui-même, à la manière de ses ancêtres.

Ce siècle marque aussi le début d'un engouement touristique pour "l'île de Beauté" : émoustillés par la lecture du roman de Prosper Mérimée (Colomba), avides de rencontrer ces peuplades sauvages et sanguinaires, les voyageurs sont en quête d'exotisme... A défaut d'avoir pu rencontrer le "bandit d'honneur" dans son "Palais Vert" (terme poétique pour désigner le maquis corse...), ces touristes fortunés se doivent de ramener un souvenir marquant de leur séjour.

Que leur vendre ?... Un couteau véhiculant une image forte ?... Il n'existe aucun modèle ?  Qu'à cela ne tienne : il n'y a juste qu'à l'inventer !!!... Une forme suffisamment suggestive (150 ans après sa naissance, ses exégètes continuent d'affirmer sa filiation avec le stylet corse) et un nom qui claque au vent : Vendetta !...

 

 

Pour faire bon poids, on affuble sa lame de devises vengeresses, rédigées en italien. Les industriels français ne sont pas à une aberration culturelle près, quand il s'agit de faire des profits.

La "Vendetta", ce couteau d'origine incertaine (maltaise ou napolitaine ?) est donc un bel exemple d'opération commerciale réussie. Mettons un terme définitif à ce mythe : la "Vendetta" n'est pas un couteau d'origine corse.

Par la suite d'autres modèles, également ornés d'une Tête de Maure, sont venus épauler cette Vendetta, afin de symboliser le Couteau traditionnel Corse...

Aujourd'hui, si les tous premiers exemplaires de Vendetta peuvent présenter un intérêt en terme de collection, eu égard à leur âge (Certaines sont parfois proposées plus de 300 euros ...), que dire de certaines productions actuelles  ?...

  Histoire d'en rire, voici un florilège de "perles" savoureuses glanées sur le Web (fautes d'orthographe comprises) :

"LE VRAI COUTEAU CORSE ( VENDETTA ) MANCHE EN OLIVIER

ATTENTION TOUS LES COUTEAUX VENDETTA QUI NE SON PAS SIGNE VENDETTA SON DES CONTREFACON QUI ON AUCUNE VALEUR

VOUS POUVEZ L AVOIR SUR VOUS , CE N EST PAS UNE ARME BLANCHE

IL est trés rare d avoir un vendetta ,cela éppatera vos amies qui eux on des faux laguiolle d importation chinois qui on aucune valeur et son tous pareil et banale

Ce couteau dont les origines se perdent dans celle de son pays, a été restylisé. De la traditionnelle Vendetta peinte à la main, on retrouve la Vendetta tout inox avec son ressort guilloché main, de façon artisanale.
 

COUTEAU CORSE ARTISANAL  : METTEZ LE A VOTRE OREILLE VOUS ENTENDREZ LES CIGALES" (Sait-il seulement, celui-là, qu'il n'y a pas de cigales en Corse ?...)

 

 

Aujourd'hui, le Couteau Corse : mythe ou réalité... ?

Astérix, lors de son Tour de Gaule (Editions Dargaud - 1965), a ramené du jambon de Lutèce, des Bêtises de Camaracum, du vin de Durocortorum, du saucisson de Lugdunum et des huîtres et du vin de Burdigala ... Pourquoi n'est-il pas venu en Corse ? Nous saurions au moins à quoi il ressemblait, ce Couteau Corse !!!...

Au début des années 1990, la Corse connait un essor culturel qui la conduit à se réapproprier ses valeurs traditionnelles fondamentales. Des couteliers (parmi lesquels je citerais Santoni, Jo Antonini et Jean Biancucci...) donnent un nouvel élan au couteau Corse, en créant des formes originales s'inspirant de modèles anciens.

Des millions de couteaux (certains parfois honnêtement appelés "type" Corse), accompagnés de l'éternelle Vendetta, véhiculent aujourd'hui le mythe du Couteau Corse.

Malheureusement, la plupart d'entre eux n'ont jamais touché, une seule seconde, le sol de notre île.

Malgré cela, leur caractère identitaire est affirmé  : Tête de Maure, Corsica, U Corsu, etc... Ils empruntent à notre Histoire et à notre Culture des références  approximatives et hasardeuses, mais l'imagination humaine est sans limite. Encore que, parfois je me demande... J'ai relevé plusieurs noms (U ricorsu, littéralement le recours, Fratelli, Frères, ou Dragulinu) dénotant une indigence d'esprit et plus certainement une complète ignorance de la langue corse (le Tragulinu  -avec un T !- est un colporteur ...). Il existe depuis peu un couteau baptisé Ascu (une "nouveauté" commise par l'industrie Continentale...).

On rencontre de tout. Les recherches sur le Net sont parfois édifiantes : tapez sur Google  "Corsican Knives"...  Promis, vous ne serez pas déçus !!!

Des lames présentent parfois l'aspect d'anciennes limes ou d'aciers forgés, alors que cet effet "brut de forge" est obtenu par matriçage en série ... Outre l'aspect identitaire, certaines productions tentent désormais de s'approprier un label artisanal (le fameux "fait main dans nos ateliers"...).

Comme disait Michel Audiard, "les cons ça ose tout, c'est d'ailleurs à ça qu'on les reconnaît". Il y a bien eu, un jour, un type capable d'appeler son  paisible Labrador : Ribellu (Rebelle !...).

En Corse même,  il est inutile de chercher bien loin : il y a quelques années, les services de la Répression des Fraudes sont intervenus auprès d'un marchand afin qu'il modifie sa publicité. La mention "fabriqué en Corse" a disparu pour laisser place à "assembler (sic) en Corse". Nul ne restera insensible à cette subtilité sémantique. J'imagine même que les regards les plus affûtés remarqueront la  belle "phote d'aurtograffe" sur les nouveaux présentoirs de vente !!!... 

Des couteaux corses, en existe t'il ?... Certainement !

Celui qui souhaite acquérir un objet authentique devra cependant apporter une grande attention dans sa recherche, plus que le profane pressé et peu exigeant. Il existe en effet des couteaux...

Inspirés de modèles anciens, réalisés en Corse, dans le respect des savoirs faire ancestraux...

"Assemblés" à partir de lames découpées au laser ou matricées (dans des usines du Continent) et de manche en corne ou en bois de la même origine...

Entièrement réalisés à l'extérieur de l'île  (jusque dans certains pays d'Asie)...

Avec ou sans Tête de Maure...

Parfois aussi à très bas prix...

Leur point commun : ils revendiquent tous le nom de "Couteau Corse" et une "fabrication artisanale"... Il y en a donc pour tous les goûts !!!

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